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Euskal herri!!!
Tout sur le pays Basque!!!
Capitale: Vitoria
Population: 2,1 millions (Espagne)
Langue officielle: castillan et basque
Groupe majoritaire:castillan (60 %)
Groupes minoritaires: basque (40 %)
Système politique: l’une des 17 communautés autonomes d’Espagne
Articles constitutionnels (langue): art. 3 de la Constitution de 1978, art. 6 du Statut d'autonomie (1979)
Lois linguistiques: plusieurs lois espagnoles et plusieurs lois régionales dont la Loi fondamentale de normalisation de l'utilisation de l'euskara (1982)

1 Situation géographique
Le Pays basque (Pais Vasco, en espagnol; Euskal Herria ou Euskadi, en basque) est une région du sud-ouest de la France et du nord de l'Espagne, située sur les deux versants des Pyrénées. Autrement dit, le Pays basque est situé à cheval sur la France et l'Espagne, et il est traversé d'est en ouest par la chaîne de montagnes des Pyrénées, tout en s'ouvrant au nord-ouest sur l'océan Atlantique. Toute la région du Pays basque couvre une superficie de 20 664 km², ce qui est très peu par rapport, d'une part, à l'État espagnol (504 748 km²), d'autre part, à l'État français (543 965 km²). Toutefois, quelque 86 % du territoire du Pays basque est en Espagne, contre 16% en France. La Navarre espagnole, à elle seule, compte une superficie de 10 421 km² (voir la carte 2). Au plan historique, le Pays basque s'étend sur sept provinces, dont quatre sont situées en Espagne (Vizcaya [no 3], Alava [no 2], Guipúzcoa [no 1] et Navarre [no 4]) et trois en France (Labourd [no 5], Basse-Navarre [no 6] et Soule [no 7]). Le Pays basque correspond ainsi, d'une part, aux Provincias Vascongadas (ou provinces basques-espagnoles) et, d'autre part, à la partie ouest du département français des Pyrénées-Atlantiques (la partie est étant le Béarn). La capitale du Pays basque espagnol est Vitoria, la principale ville, Bilbao. Littéralement, le Basque (euskaldun) est la personne qui possède la langue basque (euskara). De même, son pays (Euskal Herria) est celui où cette langue est parlée. clikez!
2 Les entités politiques
L'ensemble du Pays basque (espagnol et français) compte une population de 2,9 millions d'habitants. De ce nombre, on compte environ 700 000 bascophones (25 % de la population totale). Quelque 600 000 d’entre eux résident dans les quatre provinces du Sud (Espagne) et 67 267 habitent dans les trois provinces du Nord (France), ce qui représente respectivement 23 % de la population du Pays basque espagnol et 26,8 % de celle du Pays basque français. Néanmoins, 72 % des bascophones habitent dans les quatre provinces espagnoles, alors que 28 % habitent dans les trois provinces françaises. Les Basques sont répartis dans deux pays (Espagne-France), sept provinces historiques et, au plan géopolitique, dans trois entités politico-administratives distinctes. Ces entités politiques sont les suivantes:
1) La Communauté autonome du Pays basque comprend les provinces de Vizcaya (17 % de bascophones), d’Alava (7 % de bascophones) et de Guipúzcoa (44 % de bascophones). Pop.: 548 100 bascophones (26,1 %) sur un ensemble de 2,1 millions d’habitants.
2) La Communauté forale de Navarre, pour sa part, comprend la province de Haute-Navarre (esp.: Navarra). Pop.: 52 000 bascophones (9,8 %) sur un ensemble de 528 837 habitants.
3) Le département français des Pyrénées-Atlantiques compte deux régions: le Pays basque à l'ouest (provinces du Labourd, de la Basse-Navarre et de la Soule) et le Béarn à l'est. Pop.: 67 267 bascophones (26,8 %) sur un ensemble de 250 194 habitants. La carte 3 représente ces trois entités politico-administratives. On constate que les Basques espagnols sont répartis en deux régions autonomes où ils sont minoritaires: la Communauté autonome du Pays basque (trois provinces) et la Communauté forale de Navarre (une seule province). Toutefois, bien que la Communauté forale de Navarre constitue en superficie la plus grande des provinces basques-espagnoles, elle n’est pas la plus peuplée, la province de Guipúzcoa et, surtout, celle de Vizcaya étant numériquement supérieures:
Navarre (10 421 km²):

528 837 hab. (10 % de bascophones)

Pays basque:

- Vizcaya (2217 km²): 1 163 671 hab. (17 % de bascophones)

- Alava (3047 km²): 279 702 hab. (7 % de bascophones)

- Guipúzcoa (1997 km²): 684 600 hab. (44 % de bascophones)

bt> Quant aux Basques français, ils résident, répétons-le, dans un département (les Pyrénées-Atlantiques) comprenant trois provinces: le Labourd (204 598 habitants), la Basse-Navarre (29 298 habitants) et la Soule (16 298 habitants). Les Basques espagnols, quant à eux, sont divisés en deux Communautés autonomes (le Pays basque ou Communauté autonome du Pays basque et la Navarre ou Communauté forale de Navarre) dont la première compte trois provinces et la seconde, une seule (Navarre). C’est en 1979 que la Communauté autonome du Pays basque espagnol (provinces de Vizcaya, d'Alava et de Guipúzcoa) a acquis un statut d'autonomie et que le basque est alors devenu une langue co-officielle avec le castillan (espagnol). Dans la Communauté forale de Navarre, le castillan est partout la langue officielle, mais le basque a acquis le statut de co-officialité en 1982 dans la zone bascophone du Nord. En France, le basque n'a aucun statut. À partir de cette répartition géopolitique, on comprendra que les Basques soient divisés entre trois communautés nationales: ceux qui préfèrent se dire espagnols, ceux qui se considèrent français, et ceux qui s'estiment basques. Il reste à distinguer les Basques espagnols, les Basques français, les Français basques et les Espagnols basques, sans oublier les Basques navarrais et les Navarrais basques! Au plan démolinguistique, quelque 24 % des habitants du Pays basque espagnol sont de langue maternelle basque; ces locuteurs sont donc minoritaires dans leur région. En réalité, dans les territoires sous la juridiction de la Communauté autonome du Pays basque (voir la carte 2), seule la province administrative de Guipúzcoa (no 1) est relativement bascophone avec 44 % de la population; dans la province de Vizcaya (no 3), les bascophones forment 17 % de la population et seulement 7 % dans la province d'Alava (no 2). Quant aux bascophones de la Navarre (no 4), ils comptent pour moins de 10 % de la population de cette province (env. 528 000 habitants), mais atteignent près de 25 % dans la zone bascophone du Nord. Enfin, pour ce qui est du Pays basque français, en moyenne près de 20 % des habitants des trois provinces du Labourd [no 5] (26 %), de la Basse-Navarre [no 6] (61 %) et de la Soule [no 7] (64 %) sont bascophones, soit 40 000 locuteurs. Contrairement à l'Espagne, les bascophones français, répétons-le, ne bénéficient d'aucun statut juridique pour leur langue, même s'ils sont majoritaires dans deux provinces sur trois.
3 La langue basque
La langue basque (appelée euskara en basque) est parlée par environ 40 % des habitants du Pays basque espagnol. Contrairement aux autres langues de toute l'Europe de l'Ouest, le basque ne constitue pas une langue indo-européenne. En réalité, le basque reste l'une des rares langues de l'Europe, avec le finnois en Finlande, le Hongrois en Hongrie et l'estonien en Estonie, à ne pas faire partie des langues indo-européennes. Dans le cas du basque, on peut même parler d'un isolat linguistique (la famille basque), car aucun lien de parenté n'a pu être établi de façon convaincante avec d'autres groupes linguistiques, pas même avec le finnois, le hongrois ou l'estonien. Par ailleurs, l'hypothèse souvent évoquée d'une parenté avec les langues caucasiennes (géorgien, avar, abkhaze, circassien, dargwa, lesghien, mingrélien, kabarde, ingouche, dorgin, oubikh, zvane, etc.) n'emporte pas davantage l'adhésion, aucune preuve formelle n'ayant pu être apportée. Ainsi, le basque constitue une famille isolée ne comprenant qu'une seule langue. En guise d'exemple, voici un petit texte illustrant la spécificité de la langue basque par rapport aux langues romanes (d’origine indo-européenne) que sont le français et l'espagnol: Français: Nous voulons démontrer la détermination de toute la société en faveur d'un grand accord qui rende possible le plein développement de l'euskara et parvenir, par ailleurs, à ce que tous les agents sociaux se retrouvent impliqués dans cet engagement. Basque: Euskarak behar duen indartze garai berriaren aldeko akordioaren eta konpromisoaren premia zabaltzea eta horren alde herriko eragile nagusien atxekimendua biltzea. Espagnol: Queremos demostrar la determinación de toda la sociedad en favor del gran acuerdo que posibilite le desarrollo pleno del euskara, y conseguir, así mismo, la implicación de los principales agentes sociales en este compromiso. Comme on le constate, le basque écrit utilise l'alphabet latin et est fondé à la fois sur les orthographes française et espagnole. Le basque est réputé comme étant l’une des langues les plus complexes au monde. Cependant, la langue basque se compose de plusieurs variétés dialectales dont les plus importantes sont, pour l’Espagne, le guipúzcoan, le biscayen et le haut-navarrais, pour la France, le labourdin et le bas-navarrais. Bien que l’intercompréhension reste possible entre les différentes variétés linguistiques, la communication peut néanmoins en être gênée considérablement. Depuis environ 25 à 30 ans, un basque normalisé a été adopté, essentiellement à l'écrit, et pour remplir certaines fonctions sociales, particulièrement en Espagne de la part du gouvernement autonome basque et celui de la Navarre. Cela dit, on constate que l’érosion de la langue basque face au rouleau compresseur de l'espagnol et du français se poursuit encore. En effet, à peine le quart des adultes le parle plus ou moins, et peu de personnes peuvent l'écrire correctement. Même si le basque est enseigné dans les écoles, il n'en demeure pas moins que le castillan reste généralement la langue commune du plus grand nombre.
4 Données historiques
Les premiers vestiges humains dans la région du Pays basque dateraient de quelque 70 000 ans avant notre ère. Les ancêtres de la communauté basque actuelle, les Vascons, auraient occupé les deux versants des Pyrénées atlantiques quelque 5000 ans avant notre ère, soit avant les colonisations indo-européennes. Une science récente, l'hémotypologie (analyse du sang), révèle qu'on rencontrerait dans le groupe sanguin des Basques une proportion nettement plus forte qu'ailleurs de Rhésus négatif. C’est en 1954, à Londres, qu’Arthur Mourant réalisa l'une des premières études de la géographie des gènes en proposant que les Basques étaient les plus anciens habitants d'Europe et qu’ils auraient conservé une partie de leur constitution génétique primitive, et ce, malgré leurs contacts avec les immigrants ultérieurs. Cette hypothèse se fondait sur les analyses du gène Rhésus négatif, qui paraît beaucoup plus fréquent chez les Basques que chez toute autre population dans le monde. Cette théorie fut confirmée par des analyses d'autres gènes et par des études linguistiques: la langue basque diffère donc considérablement des langues des peuples voisins. Cela différencierait les Basques des envahisseurs indo-européens dont les premiers ont été les Celtes. Cela dit, les Basques, ou plutôt les Vascons, firent officiellement leur apparition dans l'histoire à la fin du Ier siècle (avant notre ère), alors qu'ils repoussaient victorieusement les envahisseurs romains venus d'Espagne; ils surent ainsi préserver leur indépendance, mais durent se réfugier dans les montagnes du pays. Les Vascons se convertirent néanmoins au christianisme entre le IIIe et le Ve siècle, et ils ont conservé leur langue ancestrale.
4.1 Le royaume de Navarre
Au VIe siècle, les Vascons combattirent les Wisigoths et les vainquirent. À la fin du VIe siècle, des groupes de Vascons espagnols émigrèrent vers le nord en traversant les Pyrénées jusqu'en Aquitaine (France), qui fut alors connue sous le nom de Gascogne (par altération du mot espagnol Vascones ou du français Vascons, et désignant les ancêtres des Basques). Les Vascons restés en Espagne mais réfugiés dans leurs montagnes réussirent à résister aux Arabes qui dominèrent la plus grande partie de la péninsule ibérique (du VIIIe au XIe siècle). Le Royaume basque de Pampelune fut fondé en tant qu’entité politique indépendante vers 830.À la fin du Xe siècle, il devint le royaume de Navarre. Ceux qui étaient devenus des Basques réussirent non seulement à préserver leur autonomie, mais aussi à étendre leur royaume jusqu’au-delà des Pyrénées: la Navarre comprenait alors la Haute-Navarre (la Navarre espagnole actuelle) et la Basse-Navarre (la Navarre française). Sous le règne de Sancho III (999-1035), la plupart des Basques vivaient sous une même autorité politique.
4.2 L’effritement des Basques
Cependant, après la mort de Sancho III en 1035, les nouveaux souverains de Castille et d’Aragon, frères de l'héritier de la couronne navarraise, rejetèrent la souveraineté du royaume de Navarre. Dès le début du XIe siècle, le royaume de Navarre entra dans une période d'isolement et de démembrement territorial. L’unité basque s’effrita et, entre 1200 et 1370, toutes les provinces basques espagnoles (Guipúzcoa en 1200, Alava en 1331 et Vizcaya en 1370) finirent par être intégrées au royaume de Castille. De l’autre côté des Pyrénées, les Basques français furent même soumis à la colonisation anglaise jusqu’au XIVe siècle. Au XVe siècle, la Haute-Navarre fut annexée par Ferdinand d’Aragon au royaume de Castille. Quant à la Basse-Navarre, elle réintégra définitivement la France; Henri IV (1572-1610) fut à la fois roi de France et de Navarre (celle du Nord).
4.3 Les «fueros»
Malgré leur intégration au royaume de Castille, les Basques purent jouir de privilèges spéciaux et adopter leurs propres lois grâce aux fueros. Les fueros proviennent des coutumes de l'Ancien Régime appliquées par les assemblées locales que le roi de Castille devait jurer de respecter afin d’obtenir l'allégeance des provinces basques. Les fueros reconnaissaient aux Basques des droits particuliers, notamment des franchises, des exemptions d'impôts, une certaine autonomie locale et certains privilèges en principe réservés à la noblesse. Le fonctionnement de l'administration basque et le respect des lois étaient contrôlés par des assemblées locales démocratiquement élues. La Navarre, comme toutes les provinces basques espagnoles (Guipúzcoa, Alava en et Vizcaya), resta très attachée à ses franchises (fueros). Cependant, au XIXe siècle, l'État espagnol devint de plus en plus centralisateur et retira aux provinces basques (dont la Navarre) leurs privilèges, car elles s'étaient dressées contre Madrid et avaient pris position pour le «carlisme». Rappelons que les partisans du carlisme (< don Carlos de Bourbon, prétendant au trône d’Espagne) invoquaient le respect de la "loi salique" (qui excluait les femmes du droit à la succession à la terre) abrogée par Ferdinand VII (1833). Lors de la guerre civile (ou première guerre carliste) de 1833 à 1839, la plupart des Basques et des Navarrais se rangèrent du côté des carlistes, partisans d'une monarchie absolue, mais qui soutenaient les Basques dans leurs revendications autonomistes. À l'issue de la dernière insurrection carliste (1874-1876), sévèrement réprimée par le roi Alphonse XII, les fueros furent officiellement abolis en 1876. Les gouvernements espagnols successifs imposèrent des administrateurs unilingues castillans ainsi que l'usage de la seule langue castillane, ce qui provoqua un ressentiment profond de la part des Basques à l’égard de Madrid. Aujourd’hui encore, plusieurs nationalistes basques justifient leurs revendications en fonction des droits historiques hérités des fueros, droits qu’ils prétendent ne jamais avoir consenti à perdre. De ce point de vue, le mouvement nationaliste basque se veut un combat pour retrouver la souveraineté perdue. Pour la plupart des Espagnols cependant, cette obstination à vouloir recouvrer un statut d'Ancien Régime est difficile à concevoir, les fueros étant à leurs yeux d'anciennes coutumes locales dénuées aujourd’hui de tout sens politique.
4.4 La politique répressive du général Franco (1936-1975)
Au cours de la guerre civile de 1936-1939, un État basque autonome fut reconnu par le gouvernement républicain espagnol. Toutefois, cette autonomie fut de courte durée et elle fut supprimée dès 1937 avec la victoire des nationalistes menés par le général Francisco Franco. Les Navarrais, quant à eux, se rallièrent au général Franco. Par la suite, le régime autoritaire de Franco interdit l'usage du basque en Espagne, brûla publiquement les livres écrits en cette langue et supprima les noms basques de la toponymie et des registres d’état civil. Cette politique répressive amena les bascophones à croire qu’ils constituaient toujours une nation occupée par l'Espagne.
4.5 L’émergence des mouvements autonomistes
Puis les mouvements autonomistes se développèrent rapidement dans tout le Pays basque et aboutirent, en 1959, à la fondation de l’ETA (Euzkadi Ta Azkatasuna, c’est-à-dire «Pays basque et liberté»), une branche militaire de l’organisation séparatiste qui revendique l'autonomie des provinces basques par la violence et le terrorisme. Un parti politique, le Herri Batasubna, fut fondé en 1978 pour devenir la «vitrine légale» et le porte-parole de l’ETA dans les conseils municipaux, puis plus tard dans les gouvernements locaux et le Parlement basque. Entre 1979 et 1983, sous la monarchie de Juan Carlos, le gouvernement espagnol accorda enfin aux provinces basques un statut d'autonomie. En 1979, le ministère espagnol de l'Éducation accepta de mettre en place, à tous les niveaux d'étude, des programmes scolaires en basque. En 1980, fut élu le premier Parlement basque et l'euskara (basque) fut reconnu avec l’espagnol comme langue co-officielle dans trois provinces basques (Vizcaya, Alava et Guipúzcoa); en Navarre, le basque est co-officiel dans la zone bascophone. Malgré le statut d’autonomie et malgré les concessions du gouvernement espagnol, la faction extrémiste de l'ETA poursuivit ses attentats qui firent, entre 1968 et 1996, plus de 800 morts, dont 118 pour la seule année 1980, l’année de la formation du Parlement basque. On assista à une certaine accalmie en 1998, mais l’année 2000 fut relativement violente avec 400 actes de sabotage et 23 personnes assassinées dont des politiciens et un journaliste basque, ainsi que des militaires et policiers espagnols. Depuis le 11 septembre 2001 aux États-Unis et, surtout, depuis le 11 mars 2004 à Madrid, alors que 192 personnes ont été tuées par les bombes du réseau Al-Qaeda, le rejet de la violence est tel en Espagne que l'ETA n'osera plus commettre d'attentat grave. Après 36 ans de violence pour l'indépendance du Pays basque, l'ETA serait sur le point de se saborder, mais l'organisation se chercherait un prétexte pour sortir du conflit la tête haute. Toutefois, les observateurs optimistes annoncent depuis vingt ans la fin de l'ETA qui renaît toujours de ses cendres. Il demeure quand même vrai que, lorsque Al-Qaeda frappe dans un pays, l'organisation terroriste locale en prend pour son rhume! Le rêve des indépendantistes basques et de réunir un jour les sept provinces historiques basques en un seul État souverain, l’Euskadi. Certains Basques, comme l’ETA, croient que la seule façon de parvenir à leur fin, c’est de forcer la main à Madrid et à Paris. D’autres, comme les partis politiques plus modérés, estiment y parvenir démocratiquement avec l’élargissement d’une Europe plus fédéralisée. Avec la Catalogne, le Pays basque est toujours resté un foyer d'opposition au gouvernement de Madrid. Bien que la Navarre fasse partie historiquement du Pays basque, la plupart des Navarrais défendent l'idée que leur région est une entité absolument distincte du Pays basque. D’ailleurs, lors d’un référendum tenu avant 1980, la Navarre a majoritairement refusé d’être incorporée au Pays basque et a obtenu de se constituer en communauté distincte: la Comunidad Foral de Navarra, ce qui se traduirait en français par Communauté forale de Navarre. En septembre 2002, le chef du gouvernement basque a proposé au Parlement régional basque «un nouveau projet» politiquer basé «sur la libre association et la souveraineté partagée» dans «un véritable État plurinational». Autrement dit, le gouvernement basque estime qu'il ne faut plus accepter une «vision imposée» par l'État espagnol «en marge de la volonté du peuple basque». Évidemment, cette proposition visant à renforcer davantage l'autonomie espagnol a été vivement critiquée par le gouvernement de Madrid et les principaux partis politiques espagnols. Pour le gouvernement espagnol, la priorité est de mettre fin au terrorisme. De son côté, le chef du gouvernement basque s'est engagé à soumettre au Parlement régional, d'ici environ une année, un projet de pacte de libre association avec l'État espagnol, qui serait ultérieurement soumis à un référendum. Mais les Basques sont bien ambivalents. Selon le sondages, 32 % seraient ne faveur du statu quo, 31 % soutiendraient l'Idée d'un modèle fédéral conférant à la région une plus grande autonomie et 31 % appuieraient le projet d'indépendance.
5 La législation linguistique
L'article 6 du Statut d'autonomie (1979) établit le caractère officiel du basque en Euskadi, au même titre que le castillan que tous les citoyens ont le droit de connaître et d'utiliser. Les Basques ont le devoir de connaître le castillan mais pas le basque; ils ont seulement le droit d'utiliser cette langue. En novembre 1982, le Parlement basque a adopté la Loi fondamentale de normalisation de l'utilisation de l'euskara (ou basque). Plusieurs articles de la loi basque furent toutefois jugés inconstitutionnels par Madrid en 1983 parce qu'ils obligeaient l'administration centrale de l'État espagnol à comprendre la langue basque lorsqu'elle était employée par un citoyen. La politique linguistique effective ne couvre que trois secteurs: l'administration, les médias et l'enseignement. La loi proclame le caractère co-officiel du castillan et du basque: «Les langues officielles dans la Communauté autonome du Pays basque sont l'euskara et le castillan» (art. 3). Les pouvoirs publics doivent veiller à ce que nul ne soit discriminé en raison de la langue dans la Communauté autonome du Pays basque; pour ce faire, ils adopteront les mesures opportunes pour s'en assurer (art. 4).
6 L'administration
Selon les termes de l'article 6 de la Loi fondamentale de normalisation de l'utilisation de l'euskara (1982), tous les citoyens ont le droit d'utiliser tant l'euskara que le castillan dans leurs relations avec l'administration publique de la Communauté autonome, ainsi que le droit d'être servis dans la langue officielle de leur choix. Afin d'assurer des services administratifs en basque, l'Institut basque de l'administration forme des fonctionnaires bilingues; les services en basque demeurent encore peu étendus, mais les communications officielles écrites de l'administration basque se font presque toujours dans les deux langues. On a trouvé une solution qui consiste à assurer, selon les régions, un taux de 10 % à 25 % de fonctionnaires pouvant s'exprimer en basque. En ce qui concerne l'administration du gouvernement central, les services en langue basque sont inexistants. Étant donné que dans le système espagnol le recrutement pour des fonctions administratives se fait par concours d'État, les candidats venant de différentes régions du pays ne connaissent généralement pas le basque. Dans les municipalités, seules les zones bascophones (au nombre de 23) assurent des services dans cette langue. Le gouvernement basque éprouve des difficultés à appliquer sa politique linguistique. C’est pourquoi les autorités ont commencé à pratiquer une certaine radicalisation à l’encontre des Castillans. De façon parfaitement officielle et tout à fait légale, il est maintenant obligatoire pour tous les fonctionnaires, policiers et enseignants travaillant sous la juridiction du Pays basque de parler couramment le basque, ce qui interdit l’accès de ces postes à tous les Castillans unilingues. Ces mesures, qui paraissent discriminatoires à plusieurs, ont eu pour effet d’élargir encore davantage le fossé entre bascophones et castillanophones.
7 Le Parlement et la justice
La loi ne prévoit pas de dispositions spécifiques à l'égard des langues utilisées au Parlement basque, mais les deux langues officielles y sont employées au choix des députés. Cependant, l'emploi du basque reste peu fréquent, et ce, même si un système de traduction simultanée existe. Le journal des débats ne présente les textes basques que s'ils ont été prononcés en basque; un service traduit des résumés dans cette langue pour les communications présentées en castillan. Les langues de la législature basque sont conformes aux dispositions de l’article 8 de la Loi fondamentale de normalisation de l'utilisation de l'euskara:
Article 8

1) Toute disposition normative ou résolution officielle qui émane des pouvoirs publics sis dans la Communauté autonome du Pays basque devra être rédigée dans les deux langues officielles quand il s'agira de publicité officielle.
2) Tout acte dans lequel les pouvoirs publics sis dans la Communauté autonome du Pays basque interviendront, de même que les notifications et communications administratives, devront être rédigés dans les deux langues, à moins que les personnes privées intéressées n'exigent expressément l'utilisation de l'une des langues officielles de la Communauté autonome. Dans l'administration de la justice, l'usage du basque est pratiquement inexistant, sauf sur demande expresse d'un citoyen et uniquement dans les procès-verbaux. Pourtant, l'article 9 de la Loi fondamentale de normalisation de l'utilisation de l'euskara est très précis à ce sujet (par. 1):
Article 9

1) Dans ses relations avec l'administration de la justice, tout citoyen peut utiliser la langue officielle de son choix sans que ne puisse être exigée quelque traduction que ce soit.
8 Les médias
En vertu des articles 22, 23 et 25 de la loi, le gouvernement basque est obligé de promouvoir l'emploi préférentiel de l'euskara dans les moyens de communication de la Communauté autonome. Il doit inciter à la normalisation linguistique dans les centres émetteurs de la RTVE (radiotélévision euskarienne) afin d'assurer une présence adéquate de l'euskara comme langue propre du Pays basque. Six stations de radio transmettent une programmation en langue basque: une seule émet en basque seulement (16 h/jour). Les autres sont bilingues en raison de 8 h/jour, 13 h/jour, 1 h/jour, 8 h/jour et 7 h/jour. Depuis 1984, une station de télévision, la E.T.B. (Eukal Telebista Bizkaia), émet des émissions unilingues basques (6 h/jour): ce sont surtout des émissions informatives, culturelles ou enfantines. La télévision basque est écoutée par environ 20 % des bascophones adultes (51 % des enfants) et près de 50 % de la population préférerait plutôt une programmation bilingue. En ce qui a trait aux journaux, il existe deux quotidiens, deux hebdomadaires et une douzaine de magazines.
9 L'éducation
Le gouvernement basque a tout compétence pour réglementer l'emploi des langues dans le domaine de l'enseignement. L'article 15 de la Loi fondamentale de normalisation de l'utilisation de l'euskara (1982) établit que tout élève a «le droit de recevoir un enseignement tant en euskara qu'en castillan aux différents niveaux du régime éducatif». À la fin de ses études secondaires, tout élève doit être capable de s'exprimer aussi bien en castillan qu'en basque. C'est dans le domaine de l'enseignement que l'on utilise le plus le basque. À l'exception des écoles privées, il n'existe pas d'enseignement unilingue basque. Au primaire, la plupart des élèves peuvent suivre jusqu'à 16 h d'enseignement en langue basque par semaine; au secondaire, le nombre peut s'élever jusqu'à 25 h/semaine. Le reste des heures de cours se déroule en langue castillane. L'Université d'État du Pays basque offre certains cours (philosophie, géographie, histoire, grammaire, éducation) en basque et tous les départements préparent des candidats à l'enseignement de base. Toutefois, l'enseignement de la langue co-officielle reste plus difficile que dans les autres Communautés autonomes de l'Espagne. N'oublions pas que le catalan et le galicien sont des langues romanes, assez proches du castillan. Le basque, au contraire, est une langue totalement distincte (non indo-européenne) et son acquisition s'avère difficile à partir du castillan (ou de l'espagnol).
10 L'affichage
D'après la Loi sur la normalisation linguistique du basque, la signalisation routière doit être bilingue (art. 10, par. 2): "Les signaux et indications de circulation installés sur la voie publique seront rédigés dans les deux langues [...]" De plus, les pouvoirs publics doivent favoriser l'utilisation du basque dans l'affichage des activités commerciales, récréatives, sportives, culturelles et associatives à caractère non officiel (art. 27, par. 2). Il y a encore loin de la coupe aux lèvres, car le bilinguisme basque-castillan n'est pas d'usage courant en Euskadi, excepté sur les écriteaux des édifices gouvernementaux basques, dans la publicité conçue par les partis politiques basques et dans les affiches à revendications idéologiques ou sociales. Les toponymes figurent le plus souvent selon la graphie castillane, mais le travail de bilinguisation se poursuit; il en est de même pour les panneaux de signalisation routière dont la plupart cependant continuent à n'être rédigés qu'en castillan. En Espagne, il paraît plus difficile d'implanter le basque que le catalan, et cela, autant en raison du nombre moins important des locuteurs basques que des traits internes de la langue elle-même; en effet, celle-ci présente des difficultés redoutables d'apprentissage pour un hispanophone (ou tout non-bascophone), ce qui n'est pas le cas pour le catalan. On peut consulter, soit un résumé de la Loi fondamentale de normalisation de l'utilisation de l'euskara, soit le texte complet. L’État espagnol a créé les régions autonomes dans le but de calmer les revendications basques et catalanes. Toutefois, dans le but évident de dédramatiser les communautés autonomes catalane et basque, l’État espagnol a étendu la régionalisation à toute l’Espagne en octroyant le statut d’autonomie à 17 communautés autonomes, ce qui a eu pour effet de diluer Catalans et Basques dans un ensemble disparate quelque peu artificiel. En effet, si les Galiciens, les Catalans et les Basques ont une certaine légitimité historique et une identité spécifique, il n’en est pas de même pour la plupart des autres communautés d’Espagne qui paraissent totalement artificielles. Alors que Basques et Catalans réclament davantage de pouvoirs politiques, la plupart des communautés se contentent de fort peu de pouvoirs. Non seulement les Basques ne sont pas satisfaits de la situation actuelle, mais ils accusent l’Espagne de les avoir dilués au sein des 17 communautés autonomes et de les avoir partagés en deux communautés autonomes, le Pays basque et la Navarre, avec comme résultat qu’ils sont minoritaires dans les deux communautés. Loin d’avoir apaisé le nationalisme basque, le système des communautés autonomes l’a presque stimulé. La violence qui se vit au Pays basque depuis deux décennies n’est certes pas étrangère à cette situation jugée inacceptable pour les Basques. De plus, il aurait fallu que l’État espagnol fasse coïncider les frontières linguistiques avec les frontières politiques qui, aujourd’hui, paraissent anachroniques, car elles sont fondées sur les vieilles frontières politiques héritées du Moyen Âge. Il faudra repenser bientôt ces frontières qui divisent la partie basque de la Navarre au Pays basque lui-même. Ce n’est pas pour rien que bien des Basques croient que l’autonomie accordée à trois des cinq provinces basques n’est qu’un moyen de pression pour maintenir le Pays basque «dans la soumission». À l’heure actuelle, le gouvernement central espagnol n’est pas encore arrivé pas à résoudre la question basque. Pire, des membres du parti au pouvoir se sont fait assassiner. La violence prônée et pratiquée par l’ETA (l’organisation terroriste basque) a soulevé l’indignation des Espagnols, voire les Basques eux-mêmes. Beaucoup d’entre eux estiment que les terroristes sont des gens tout à fait «déconnectés» de la réalité et se conduisent comme s’ils étaient encore sous la dictature de Franco. De son côté, l’Espagne a nourri elle-même la violence en recourant à des assassinats pour combattre l’ETA, en refusant tout dialogue avec les indépendantistes et en empêchant le peuple basque de se prononcer librement sur son avenir. Puis, entre les années 2001 et 2005, les années du gouvernement de droite de J. M. Aznar ont plutôt été marquées par une lutte financière et juridique contre l'ETA et ses ramifications et différentes organisations. Le gouvernement socialiste actuel socialiste de J. L. Zapatero prône, quand à lui, un dialogue avec l'ETA par l'intermédiaire de différents acteurs de la vie politique nationaliste basque. Cela dit, beaucoup d’observateurs espagnols croient que le gouvernement de Madrid n’est pas vraiment pressé de résoudre la question basque et préfère la laisser pourrir en espérant sous doute qu’elle se solutionnera d’elle-même. Quant à la France, la question basque n’est pas perçue comme problématique et elle semble avoir bien d’autres chats à fouetter avec la Corse, sans oublier la Nouvelle-Calédonie et le nationalisme breton revenu périodiquement dans l’actualité.
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